[COLLOQUE] L’audiovisuel pour la culture ! | Histoires et archives de la production audiovisuelle d’institutions culturelles
ColloqueLa Bibliothèque Kandinsky et l’ensemble des partenaires du projet de recherche MAVEX (mémoires audiovisuelles des expositions du Centre Pompidou) sont heureux de vous inviter au colloque de clôture consacré à la production audiovisuelle d’institutions culturelles dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Lorsque le futur Centre Pompidou, à l’orée des années 1970, se dote d’une cellule audiovisuelle intégrée de pointe, ce n’est pourtant pas la première institution culturelle à s’investir dans la production audiovisuelle. Quelques-unes d’entre elles, en France et à l’étranger, avaient déjà commencé à se doter de moyens audiovisuels mis au service de leurs activités culturelles, à des fins créatives, spectaculaires, muséographiques, pédagogiques, pour communiquer ou « pour faire mémoire ». La progressive réévaluation des archives audiovisuelles par les historien·nes de l’art amène à replacer dans une perspective historique la manière dont les institutions culturelles se sont emparées des moyens audiovisuels, bien avant les années 2000 et la généralisation des outils audiovisuels numériques.
En se focalisant sur la production des institutions culturelles, ce colloque permet d’envisager l’audiovisuel comme moyen et objet d’action culturelle, comme média pluriel et médium de création. Il donne aussi l’occasion d’interroger le destin d’œuvres, d’archives et surtout de sources de ces productions : quelles histoires peuvent s’écrire grâce à elles ? Quels outils mobiliser pour appréhender ces documents souvent non analogiques, pour les lire malgré l’obsolescence des techniques, et pour les analyser ? Au croisement de l’histoire des médias audiovisuels, de l’histoire des politiques culturelles audiovisuelles et de l’histoire de l’art, cette rencontre entend éclairer les objets audiovisuels produits par les institutions culturelles, pour en faciliter l’usage à des fins de recherche.
Programme
► Matin
Table ronde 1 Archives audiovisuelles: épistémologies (modération: Ève Givois)
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09h30-10h00 Mica Gherghescu et Ève Givois – Introduction
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10h00-10h30 Remy Besson – Les rushes de films documentaires : du statut de rebut à celui d’objet exposé
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10h30-11h00 Emmanuelle Chérel – Filmer les collections coloniales, déjouer les régimes de visibilité
Pause
Table ronde 2 Institutions culturelles et scènes artistiques vidéo (modération: Mica Gherghescu)
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11h15-11h45 Fleur Chevalier – Le studio vidéo du Centre Pompidou : l’espoir d’une télé alternative pour les artistes ?
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11h45-12h15 Clara Royer – En direct du musée : l’artiste, le satellite et l’institution (1971-1986)
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12h15-12h45 Témoignage de Don Foresta, en dialogue avec Rachel Stella (chercheuse associée au projet MAVEX)
Pause déjeuner
► Après-midi
Table ronde 3 Télé-musées (modération: Christophe Gauthier)
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14h15-14h45 Iñaki Estella – Mirar un cuadro: State Cultural Television Programming and National Museums in Spain during the Transition to Democracy
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14h45-15h15 Clémence de Montgolfier – Soixante ans d’émissions sur l’art contemporain à la télévision en France. État des lieux et rôle des institutions culturelles
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15h15-15h45 Marie-Odile Demay-Degoustine – Lorsque les musées se font leur télévision
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15h45-16h00 Discussions, débats
Pause
Table ronde 4 Ouvertures et perspectives (modération: Géraldine Poels)
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16h15-16h45 Vanessa Nicolazic – Soutenir la production documentaire : les rôles de l’INA et de la BPI, entre télévision et cinéma (1977-1982)
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16h45-17h15 Audrey Jeanroy – Donner corps et voix à l’architecture : les enjeux de la production audiovisuelle du Centre Pompidou
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17h15-17h45 Flore di Sciullo – Au doigt et à l’œil… et à l’oreille : le podcast de musée ou comment repenser la médiation audiovisuelle au musée avec le numérique
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17h45-18h00 Mica Gherghescu et Ève Givois – Conclusion
Résumés et présentation des intervenants
► Rémy Besson – Les rushes de films documentaires : du statut de rebut à celui d’objet exposé. Cette communication propose une réflexion épistémologique portant sur les archives audiovisuelles basée sur leurs usages par les chercheurs en sciences humaines. Plus précisément, c’est un parcours entre différents rapports aux rushes de films documentaires qui est présenté. Ces rapports conduisent à qualifier différemment les rushes (ensemble des bobines de film et des bandes sons enregistrées pendant le tournage) qui seront, ainsi, tour à tour considérés comme des rebuts, des sources pour l’histoire, des objets matériels conservés en archives, des modes d’accès à ce qui ne se trouve pas dans le film, des supports pour l’histoire orale et, enfin, des objets montés dans d’autres films ou exposés au musée. Loin de concevoir ces rapports comme clairement distincts les uns des autres, il est plutôt question de souligner les articulations possibles entre ces perspectives qui peuvent très bien être adoptées par une même personne en fonction des étapes de sa recherche et de la valorisation de celle-ci dans l’espace public.
Rémy Besson est chargé de cours à l'Université de Montréal et chercheur au laboratoire CinéMédias. Il a mené une thèse en histoire à l’EHESS portant sur la mise en récit du film Shoah de Claude Lanzmann. Celle-ci a été publiée (MkF Éditions) et a conduit à la réalisation d’un documentaire de Catherine Hébert: Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah (2018) dont il est le conseiller historique et un protagoniste. Il a été chercheur postdoctoral au CRIalt (UdeM, 2012-14), puis au LLA-CREATIS (Toulouse II, 2014-15) et à TECHNÈS (UdeM, 2016-2020). Il est actuellement membre du comité de rédaction de plusieurs revues Conserveries mémorielles, Entre-temps, Intermédialités, La Revue Documentaires et Sonorités.
► Emmanuelle Chérel – Filmer les collections coloniales, déjouer les régimes de visibilité. Depuis 70 ans, quelques films ont cherché à contrer les normes historiques des régimes de visibilité générés par la muséographie coloniale, dans le but de faire prendre conscience du regard qu’elle a porté sur les objets d’arts africains. En s'appuyant sur deux propositions, qui mettent en récit les collections exposées avec leurs réserves, il s'agira de réfléchir à l’obscurité, seuil et lisière du musée comme du champ du visible, qui offre un espace particulier de savoir et de transmission, là où quelque chose d’autre se tient disponible.
Emmanuelle Chérel est docteure en Histoire de l’art, habilitée à diriger des recherches, est membre du CRENAU (UMR 1563 CNRS) de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Actuellement, son travail se concentre sur les enjeux des approches postcoloniales et décoloniales dans le champ de l’art. Enseignante titulaire à l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, elle y a mené les projets de recherche Pensées archipéliques (2009-2014), Penser depuis la frontière (Penser depuis la frontière, Dis voir, 2018), et entre 2018-2022, Ateliers de troubles épistémologiques avec le Musée Théodore Monod (Dakar) lié au projet pédagogique Dakar : présences du Futur initié en 2015. Elle a écrit de nombreux articles, a publié Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes – Enjeux et controverses (PUR, 2012), et avec Fabienne Dumont l’ouvrage collectif, L’Histoire de l’art n’est pas don- née : art et postcolonialité en France (PUR, 2016). Elle est co-dirige la collection « Arts Contemporains » aux Presses Universitaires de Rennes et est co-fondatrice de la revue en ligne Troubles dans les collections. En 2022, elle a co-curaté l’exposition internationale Teg Bët Gëstu Gi présentée au musée T. Monod de l’IFAN durant la Biennale de Dakar. Actuellement, elle mène aux Beaux-Arts de Nantes, avec notamment Euridice Zaituna-Kala, le projet L’océan comme méthode.
► Fleur Chevalier – Le studio vidéo du Centre Pompidou : l’espoir d’une télé alternative pour les artistes ? À son démarrage, en 1976, le studio audiovisuel du Centre Georges Pompidou ouvrait une porte de plus aux artistes, dans un monde où l’équipement vidéo était encore difficile d’accès. S’ils voulaient accéder au matériel pour la réalisation de leurs bandes, les vidéastes devaient jusqu’alors se rapprocher du Centre National pour l’Animation Audiovisuelle (CNAAV) ou de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina). Limités dans leurs moyens, les collectifs indépendants ne proposaient qu’une assistance technique limitée. Outre l’accès aux machines, ce studio donnait aussi l’espoir aux vidéastes, marginalisés dans les réseaux commerciaux de la télédiffusion, de voir leurs œuvres enfin produites par une institution vouée au soutien de l’art contemporain. Doté d’un équipement professionnel à l’image d’un studio de télévision, ce service de production audiovisuel a accueilli des artistes divers, comme Jean Dupuy, Suzanne Nessim et Teresa Wennberg, Bob Wilson, Catherine Ikam, Michel Jaffrennou ou encore Yann Minh. Son fonctionnement a même nourri des ambitions télévisuelles, culminant avec la coproduction d’un magazine de création audiovisuelle diffusé sur Canal+, Avance sur image (1988-89).
Fleur Chevalier est guide-conférencière pour la Réunion des musées nationaux et docteure en Esthétique, sciences et technologies des arts. En 2020, elle a soutenu une thèse intitulée Formater pour mieux régner : vidéastes et performers à l’épreuve de la télédistribution en France, 1975-1998, sur l’histoire des pratiques vidéographiques et cathodiques à la télévision française.
► Clara Royer – En direct du musée : l’artiste, le satellite et l’institution (1971-1986). Portée par l’utopie globalisante du « miracle de la transmission », les années 1970 et 1980 voient se multiplier les explorations artistiques du satellite. Ces connexions expérimentales, atteignant parfois des millions de téléspectateurs à travers le monde, célèbrent un art du live en tant qu’expérience universelle et instantanée, porteur d’un modèle audiovisuel indépendant et décentralisé, en marge des circuits télévisuels traditionnels. Mais derrière cette vision magnifiée des liaisons satellitaires comme projet d’avant-garde foncièrement alternatif se cache une infrastructure titanesque sous-tendu par un écosystème institutionnel complexe, dans lequel les musées s’imposent comme acteurs clés.
À partir d’archives inédites, cette présentation propose une plongée dans les coulisses du Satellite Art, en mettant l’accent sur le rôle des institutions muséales comme le Centre Pompidou et le Whitney Museum dans la réalisation de projets tels que Double Entendre (1981) de Douglas Davis et l’emblématique Good Morning, Mr. Orwell (1984) de Nam June Paik. L’occasion d’interroger la tension entre l’idéal d’un art en orbite et les nécessités économiques, juridiques, et diplomatiques qui l’ont rendu possible ; de révéler, en somme, les raisons d’être profondément stratégiques de cet art satellitaire, à l’heure de la mondialisation des réseaux.
Clara M. Royer est doctorante en histoire de l’art, spécialiste des usages artistiques des télécommunications dans les années 1970-1980. Après un Master à Columbia University (NY), elle a obtenu en 2021 un contrat doctoral à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Pascal Rousseau. Depuis, sa recherche a bénéficié du soutien de l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), de la Terra Foundation for American Art et de l’Institut des Amériques. En 2024, elle a reçu la bourse « Mission recherches » des Amis du Centre Pompidou pour un projet portant sur l’art télématique dans les collections du Musée national d’art moderne.
► Don Foresta est un artiste et théoricien des nouveaux médias. Véritable figure de l’histoire de la vidéo en France, il fut l’un des premiers à présenter et exposer la vidéo comme pratique artistique, recevant dans les années 1970 les tenants de ce médium naissant : Nam June Paik, Bill Viola, les Vasulkas, John Cage… Ayant travaillé, depuis le Centre culturel américain en 1971, puis l’American Center et l’ENSAD, avec le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le CNAAV, la Biennale de Paris, le MIT, le Centre Pompidou ou l'INA, il est un témoin précieux des investissements des institutions culturelles dans la production et la conservation de l'art vidéo à partir des années soixante-dix.
► Rachel Stella est historienne de l’art, productrice et réalisatrice de films sur l’art. Elle a régulièrement travaillé avec le service audiovisuel du Centre Pompidou à partir de la fin des années quatre-vingt, et est chercheuse indépendante associée au projet MAVEX.
► Iñaki Estella – Mirar un cuadro: State Cultural Television Programming and National Museums in Spain during the Transition to Democracy. In 1982, the Spanish public television broadcasting network Televisión Española initiated the broadcasting of the program Mirar un cuadro which lasted for two years. The structure of each of its more than a hundred chapters was simple: a cultural or political personality selected an artwork from the Prado Museum which he/she commented upon. To the guests’ commentaries, the program added some other opinions from several anonymous museum-goers who happened to be in front of the artwork when the program crew recorded it on-site. Such a combination of authorized and anonymous voices provoked a collage of voices that erased the centrality of legitimized readers of a work of art. However, as this paper will address, it had deeper contextual implications: the Prado Museum was the herald of art history in Spain, and Televisión Española was the only television channel at the time, being also government lead. In such a context, Mirar un cuadro became a platform aimed at building national identity in a moment of transition: the first national elections since 1939 had only take three years before.
In such a political and cultural context, Mirar un cuadro raised questions about the role of art history in times of democratization and the assumptions placed by a very recent government on national museums and art historical discourse.
Iñaki Estella is permanent teacher at the Department of Art History in the Universidad Complutense, Madrid, Spain. His main areas of research have dealt with the research of the neoavantgarde internationally and in Spain. His participation in the research project Desacuerdos: sobre arte, políticas y esfera pública en el Estado español (MACBA, UNIA, Centro José Guerrero) and his book on Fluxus (Nerea, 2012) and George Maciunas (Brumaria, 2020) have dealt with such topics. However another area of his research have dealt with art historical discourses, especially those of contemporary art. His participation in the book La historia del arte en España: Devenir, discursos y propuestas (ed. by Álvaro Molina, Polifemo, 2015) addressed the formation of art historical discourses. Estella has lectured in Chile, US, UK, Russia and Spain.
► Clémence de Montgolfier – Soixante ans d’émissions sur l’art contemporain à la télévision en France. État des lieux et rôle des institutions culturelles. Quelle est la place des émissions sur l’art contemporain dans le paysage audiovisuel français depuis 1959 ? Quelles sont les grandes évolutions des formats et des genres de ces émissions, de leurs promesses et des représentations des mondes de l’art contemporain qui y sont mises en récits ? Nous retracerons dans un premier temps les grandes évolutions de la place des arts visuels contemporains au sein des principales chaînes de télévision françaises et nous nous demanderons dans un deuxième temps si les institutions culturelles de l’art contemporain ont joué un rôle dans l’évolution de l’offre télévisuelle, avec des exemples d’émissions coproduites par des institutions (L'Émission impossible de 2004 à 2006, Tous pour l’art ! en 2012), pour questionner notamment leurs objectifs qui semblent répondre à des promesses parfois contradictoires de communication, de promotion et de médiation culturelle.
Clémence de Montgolfier est artiste visuelle et docteure en sciences de l’information et de la communication du CIM (EA1484, Sorbonne-Nouvelle Paris 3). Lauréate du Prix de la recherche de l'INAthèque en 2018 pour sa thèse portant sur les représentations de l'art contemporain à la télévision, elle a publié l’ouvrage Quand l’art contemporain passe à la télévision. Représentations, récits et médiations de 1959 à 2013 issu de sa thèse (éditions Hermann, INA et CPGA) en 2020. Diplômée de l'ESAD TALM en 2011, elle a participé à de nombreuses expositions collectives et présenté les expositions personnelles Lo que sabemos, pero no podemos ver au Festival Fotoseptiembre, Centro de la Imagen, à México en 2024, Silence is Information à Los Angeles Contemporary Archive en 2022, et Le Passé est un autre pays aux Moulins de Paillard dans la Sarthe en 2021. Ses œuvres font partie de la collection du FRAC des Pays de la Loire (Nantes).
► Marie-Odile Demay-Degoustine – Lorsque les musées se font leur télévision. À travers l’étude de cas, cette communication explore l’importance fondamentale des institutions artistiques, et notamment des musées d’art, dans la fondation, l’institutionnalisation et la pérennisation de la télévision et de sa programmation, depuis l’avènement du média dans les années 1950, jusqu’à sa migration vers les plateformes de streaming comme YouTube.
Marie-Odile Demay explore depuis vingt ans les relations entre les industries médiatiques et culturelles. D’abord, dans une longue pratique de productrice et de distributrice internationale de documentaires d’art et de captations télévisuelles d’art de la scène, et puis dans ses recherches doctorales portant sur les films et les séries télévisuelles sur les arts, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni, entre 1945 et 1970. Elle est maintenant chercheure postdoctorante au laboratoire cinEXmédia de l’Université de Montréal où elle poursuit des recherches en production de contenus audiovisuels, notamment par les moyens de l’IA.
► Vanessa Nicolazic – Soutenir la production documentaire : les rôles de l’INA et de la BPI, entre télévision et cinéma (1977-1982). Durant la seconde moitié des années 1970, le Département Production Création Recherche de l’INA oriente une part de ses missions autour d’un soutien à la production de films documentaires à caractère anthropologique et sociologique. À cette période, l’institut se rapproche du Centre Pompidou et de la Bibliothèque Publique d’Information en participant, notamment, à des manifestations (le festival du Cinéma du Réel en 1979 ou encore Images de la folie : télévision et psychiatrie en 1981). Cette communication se propose d’examiner les liens que l’INA a entretenus avec la BPI durant ses premières années d’existence : qu’est-ce qui motive cette ouverture vers une institution culturelle telle que la BPI ? Quelles formes cette collaboration revêt-elle, dans quel contexte s’inscrit-elle et quelles fins poursuit-elle ?
Vanessa Nicolazic est docteure en études cinématographiques et actuellement ATER à l’Université Grenoble Alpes. Sa thèse, soutenue à l’Université Rennes 2 sous la direction de Gilles Mouëllic, portait sur l’histoire des pratiques et des formes du documentaire social à la télévision française (1953-1979). Ses recherches concernent également l’histoire des techniques cinématographiques et télévisuelles, notamment dans le cadre du programme Aaton, de l’usine à films au paysage de l’invention.
► Audrey Jeanroy – Donner corps et voix à l’architecture : les enjeux de la production audiovisuelle du Centre Pompidou. L’intervention proposée part de l’hypothèse que le musée est un acteur déterminant dans la construction identitaire de la figure de l’architecte. Une figure publique globalisée qui apparaît durant la seconde moitié du XXe siècle. Le musée, considéré ici comme média, jour sur sa mise en visibilité, dans et hors de sa profession, et sur son identité, c’est-à-dire faire connaître son nom et construire une image. Différents dispositifs participent de ce phénomène : de la conférence d’architecte (manifestations organisées et filmées au sein du CCI entre 1975 et 1989) à la publication de catalogue en passant par l’exposition monographique.
Le film joue ici un rôle à part en tant que support agrégatif où se mêlent la parole orchestrée de l’architecte, la mise en visibilité de son œuvre et le témoignage de l’exposition. Notamment, lorsque le film « exposé » (c’est-à-dire celui qui est montré aux visiteurs dans le cadre d’une exposition) intègre des images et des enregistrements de l’inauguration de cette même exposition, le médium se fait soutient d’une mise en abîme de l’exposition dans l’exposition. L’architecte y fait alors figure de médiateur, de guide et d’exemple consacré par une manifestation qui le met en valeur. La production audiovisuelle du Centre Pompidou rattachée à l’architecture se concentre particulièrement sur deux constructions narratives : l’entretien et la visite (d’édifice ou d’exposition). Toutes deux sont généralement pensées par les commissaires d’exposition pour accompagner une autre pédagogie de l’architecture où s’entrecroisent discours orienté ou militant de l’architecte, mise en image d’une politique culturelle (notamment lorsque l’exposition accompagne une politique publique en matière d’architecture) et champ d’expérimentations du commissaire.
Cette intervention sera l’occasion d’expliciter ces différents positionnements et dynamiques à partir de cas concrets sourcés grâce aux films numérisés et aux archives du service audiovisuel du Centre Pompidou.
Audrey Jeanroy est docteure en histoire de l’art contemporain, maîtresse de conférences à l’université de Tours au sein du département Histoire de l’art et chercheuse titulaire rattachée au laboratoire Intru (Tours). Durant l’année 2024-2025, elle est accueillie en résidence au Centre Pompidou et au CESR (Tours), au sein du dispositif de l’InSHS-CNRS, Un chercheur au musée, pour le projet intitulé : « Le CCI et l’architecture, 1968-1993 : miroir, scène et discours ». Elle a récemment publié sa thèse sous le titre Claude Parent. Les desseins d’un architecte (Parenthèses, 2022).
► Flore di Sciullo – Au doigt et à l’œil… et à l’oreille : le podcast de musée ou comment repenser la médiation audiovisuelle au musée avec le numérique.
Flore Di Sciullo est docteure en sciences de l’information (Université Panthéon-Assas). Sa thèse, Art press, une archive du contemporain. Histoire et sémiotique d’un périodique dans le champ élargi de l’art a reçu le premier prix de thèse de la SFSIC et sera prochainement publiée aux éditions MKF. Ses recherches ont donné lieu à diverses publications, notamment dans Le temps des médias, Marges, Culture & Musées. Ses recherches portent sur la circulation des idées entre les sphères culturelles, politiques et médiatiques, les discours des institutions culturelles et les reconfigurations de la critique d’art.
Comité scientifique
Jean-Philippe Bonilli (pôle archives du Centre Pompidou), Christophe Gauthier (École des Chartes), Mica Gherghescu (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Ève Givois (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Catherine Gonnard (INA), Arnold Jeanville (SPAV du Centre Pompidou), Natalia Klanchar (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Nicolas Liucci-Goutnikov (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Julie Guillaumot (Service vidéo de la BnF), Caroline Moine (CHCSC, UVSQ, Paris Saclay), Géraldine Poels (département de la valorisation scientifique de l’INA), François Robinet (CHCSC, UVSQ, Paris Saclay), Émeline Seignobos (département de la valorisation scientifique de l’INA), Mileva Stupar (direction des patrimoines de l’INA), Rachel Stella, Sylvain Wolff (SPAV du Centre Pompidou)
Comité d'organisation
Mica Gherghescu (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Ève Givois (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Thomas Bertail (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou), Mai Lise Bénédic (Bibliothèque Kandinsky, MNAM-CCI, Centre Pompidou)
Le projet Mémoires audiovisuelles des expositions du Centre Pompidou (MAVEX)
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Le carnet de recherche du projet MAVEX est un point d’entrée dans le vaste fonds d’archives audiovisuelles du Centre Pompidou.
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Ce projet bénéficie du soutien de l’Ecole Universitaire de Recherche Paris Seine Humanités, Création, Patrimoine. Investissement d’Avenir ANR-17-EURE-0021 – Fondation des sciences du patrimoine.
Illustration: Montage réalisé pour la brochure de la 9e Revue de l’image organisée par le SAV du Centre Pompidou le 7 juin 1979, consultable à la bibliothèque Kandinsky, intégrant une gravure de Gustave Doré, tirée de Paris et Versailles 1871, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1907, page 6, consultable sur Gallica de la BnF.
Quand
9h30 - 18h00
Entrée libre, réservation conseillée