Journées d'étude : Graphic Cultures of Dissent
ColloqueDans la continuité du projet de recherche international sur les Cultures graphiques de la contestation, la Bibliothèque Kandinsky - pôle recherche du Musée national d’art moderne, organise les 22 et 23 mars 2024 de nouvelles sessions de discussions pour approfondir et ouvrir les débats.
Une suite des échanges entamés lors de la journée d’étude sur les pratiques graphiques engagées organisée le 29 juin 2023 dans le cadre du festival Moviment.
Ces deux journées d’études permettront de réaliser un état des lieux des recherches engagées depuis deux ans autour de ce projet soutenu généreusement par l’Outset Contemporary Art Fund, de partager et d'échanger avec les différents partenaires institutionnels et associatifs ainsi qu'avec les chercheur·euses qui nous accompagnent depuis la création du programme. Les journées permettront de découvrir les travaux de recherche, bibliothéconomiques et muséaux de nouveaux·elles interlocuteur·rices qui viendront enrichir les problématiques soulevées jusqu’à maintenant.
Intervenant·es :
- Emilie Blanc (historienne de l’art)
- Jil Daniel (graphiste, historien du graphisme)
- Catherine de Smet (historienne de l’art, Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, Paris)
- Julien Hage (historien, Université Paris Nanterre)
- Juliette Mermet (Chargée des collections design graphique, Musée de l'imprimerie et de la Communication Graphique, Lyon)
- Aurélie Pagès (Beaux-arts de Paris)
- Julien Sirjacq (Beaux-arts de Paris)
- Franck Veyron (responsable du département des archives de La contemporaine, Université Paris Nanterre)
- Rocé (rappeur, producteur, Label Hors Cadres)
En visioconférence :
- Zeina Maasri (graphiste et historienne du graphisme, University of Bristol)
- Josh MacPhee (graphiste, cofondateur de Just Seeds, coéditeur de la revue Signal)
- Hana Morgenstern (Revolutionary Papers)
- Carol Wells (historienne de l'art, fondatrice et directrice du Center for the Study of Political Graphics)
Comité de pilotage et organisation :
- Thomas Bertail, chargé de coordination de la recherche, Bibliothèque Kandinsky, Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris
- Mica Gherghescu, responsable du pôle recherche et programmation scientifique, Bibliothèque Kandinsky, Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris
- Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, chef de service de la Bibliothèque Kandinsky, Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris
Programme détaillé :
Vendredi 22 mars 2024, Centre Pompidou – Salle Triangle
Matin 10h-13h
- 9h30-10h Accueil
- 10h-10h30 Mica Gherghescu et Thomas Bertail (Bibliothèque Kandinsky, Musée national d’art Moderne)
Introduction aux journées d’études et présentation du projet Cultures graphiques de la contestation.
- 10h30-11h15 Jil Daniel « Une histoire de la presse révolutionnaire post-68. »
Jil Daniel, chercheur associé en 2023 au projet Cultures graphiques de la contestation présentera un état des recherches qu’il a effectué lors de sa collaboration avec la Bibliothèque Kandinsky à propos des réseaux de sociabilités dans les milieux du graphisme et de l’impression militante en Ile de France durant les années 1968. Graphiste et docteur en esthétique de l'université Rennes 2, Jil Daniel travaille sur les pratiques de l'image dans les mouvements sociaux pendant les années 1968. A soutenu en 2023 une thèse intitulée « Ateliers populaires, impression artisanale, militante, collective et anonyme pendant le printemps 1968 et ses suites ».
Pause
- 11h45-12h15 Juliette Mermet (Chargée des collections design graphique, Musée de l'imprimerie et de la Communication Graphique, Lyon)
Juliette Mermet présentera le Musée de l'imprimerie et de la Communication Graphique de Lyon dont elle est en charge des collections design graphique et abordera les enjeux liés à la conservation, la présentation et la documentation des collections d’éphéméras militants. Elle évoquera notamment les problématiques liées à la description matérielle et technique de ces documents.
- 12h15-12h45 Hana Morgenstern, « Revolutionary Papers : Contre-institutions, politiques et cultures dans les revues anticoloniales » - Visioconférence
Les périodiques anticoloniaux ont joué un rôle clé dans la création d'institutions, de politiques et de cultures de gauche, anticoloniales et anti-impériales dans divers endroits du Sud. En examinant de multiples outils périodiques numériques sur le site Revolutionary Papers, Hana Morgenstern montrera comment le périodique est devenu un dispositif clé pour leur création et leur reproduction, souvent dans des conditions de répression et d'annihilation extrêmes.
Hana Morgenstern est professeure associée en littérature postcoloniale et moyen-orientale à l'université de Cambridge et membre du Newnham College. Elle est spécialiste de la littérature du Moyen-Orient et des histoires culturelles de la gauche, avec une spécialisation en Palestine et en Israël, notamment dans les cultures littéraires juives, hébraïques, palestiniennes et arabes. Son prochain livre, Cultural Co-Resistance in Palestine/Israel : Anticolonial Literature, Translation and Magazines (EUP, 2025), reconstruit l'histoire des collaborations littéraires et culturelles anticoloniales palestiniennes et juives, depuis l'apogée de la décolonisation dans les années 1950 jusqu'à aujourd'hui. Morgenstern est cofondatrice et co-investigatrice de Revolutionary Papers : une collaboration de recherche transnationale explorant les périodiques du XXe siècle de production anticoloniale et anti-impérialiste. Elle est également cofondatrice des Archives of the Disappeared, une initiative de recherche interdisciplinaire pour l'étude des communautés, des mouvements sociaux, des espaces, des littératures et des cultures qui ont été détruits par des actes de répression politique et de violence de masse.
Après-midi 14h-17h00
- 14h-14h30 Franck Veyron (responsable du département des archives de La contemporaine, Université Paris Nanterre)
Franck Veyron interviendra pour présenter La Contemporaine, Bibliothèque-musée spécialisée dans l'histoire contemporaine et les relations internationales des 20ème et 21ème siècles. Aujourd'hui bibliothèque inter-universitaire rattachée à l'Université de Paris Nanterre, La contemporaine est la seule institution en France à collecter, conserver et communiquer des collections sur toute l'histoire européenne contemporaine. Il évoquera également la création de l’exposition Ripostes ! actuellement présentée à la Contemporaine.
- 14h30-15h00 Catherine de Smet (historienne de l’art, Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, Paris) ; Aurélie Pagès (Beaux-arts de Paris) ; Julien Sirjacq (Beaux-arts de Paris) - Ateliers de créations Graphic cultures of dissent
Catherine de Smet, Aurélie Pagès et Julien Sirjacq présenteront un état des lieux des projets de créations menés dans le cadre du projet « Cultures graphiques de la contestation » en collaboration avec la Bibliothèque Kandinsky. Organisés sous la forme d’atelier de création avec les étudiant·es de l’École des Beaux-arts de Paris et de l’Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, Paris, les participant·es ont été invité·es à s’approprier les collections d’éphéméras militants et contre-culturels conservés par la bibliothèque pour les réactiver en rapport avec leurs propres intérêts et l’actualité contemporaine. Il s’agissait également pour eux de s’imprégner de la liberté et de l’invention graphiques caractéristique des périodiques et affiches des années 1960 et 1970.
Pause
- 15h30-16h Josh MacPhee (graphiste, cofondateur de Just Seeds, coéditeur de la revue Signal) – Visioconférence
Designer, artiste et archiviste, Josh MacPhee est également le membre fondateur de la Justseeds Artists' Cooperative - un réseau décentralisé de 41 artistes engagés sur le plan social, environnemental et politique - et de l'Interference Archive - une collection publique de matériel culturel et graphique produit par des mouvements sociaux basée à Brooklyn. Josh MacPhee est aussi l'auteur et l'éditeur de nombreuses publications, dont Signs of Change : Social Movement Cultures 1960s to Now et du périodique sur le graphisme Signal : A Journal of International Political Graphics and Culture. Son intervention portera sur ses activités graphiques, archivistiques et d’historien du graphisme.
- 16h15-16h45 Carol Wells (historienne de l'art, fondatrice et directrice du Center for the Study of Political Graphics) - Visioconférence
Carol Wells est activiste et historienne de l'art. Elle a commencé à collectionner des affiches militantes de manifestations et à organiser des expositions en 1981, dans le cadre de son engagement solidaire pour mettre fin aux guerres menées par les États-Unis contre les peuples d'Amérique centrale. En 1988, elle a fondé le Center for the Study of Political Graphics (CSPG), un centre d'archives militant, éducatif et de recherche qui collecte, préserve, documente et expose diverses affiches de mouvements sociaux. Les quelque 90 000 affiches du CSPG comprennent la plus grande collection d'affiches contestataires d'après la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis. Elle a organisé plus de 100 expositions et ses articles sur l'art de l'affiche sont parus dans de nombreuses publications américaines et internationales, notamment "Can Design Stop A War & Save The Planet ? Five Posters That Changed History", Graphicus Magazine. Carol Wells est intervenue lors de la première journée d’étude organisée le 29 juin 2023 pour présenter le CSPG, elle présentera cette fois-ci des projets d’expositions organisés par le CSPG dont elle a été commissaire.
Samedi 23 mars 2024, Centre Pompidou – Salle de lecture de la Bibliothèque Kandinsky
Matin 10h-13h
- 9h30-10h Accueil
- 10h-10h30 Julien Hage (historien, Université Paris Nanterre), « 68, des traits collectifs »
Historien, maître de conférences en infocom au Pôle Métiers du livre de Saint-Cloud (Université de Paris Nanterre), membre du Laboratoire DICEN-IDF, Julien Hage mène ses recherches sur les circulations politiques et esthétiques contemporaines. Auteur d’un doctorat d’histoire comparée sur la nouvelle génération d’éditeurs d’extrême gauche en Europe occidentale dans le second après-guerre (Feltrinelli, Maspero, Wagenbach) - à paraître aux éditions de l'Echappée en 2025 sous le titre Editeurs de combat -, il a notamment publié avec Bruno Guichard François Maspero le veilleur intranquille (Revue A, numéro double, octobre 2023), avec Vincent Chambarlhac et Bertrand Tillier Le trait 68, insubordination graphique et contestations politiques, 1966-1977 (Citadelles et Mazenod, 2018), avec Jean-Numa Ducange et Jean-Yves Mollier Le Parti communiste et le livre (Éditions universitaires de Dijon, 2014) et avec Alain Léger et Bruno Guichard François Maspero, Les Paysages humains (À plus d’un titre / La Fosse aux ours, 2009). Il a été co-commissaire des expositions Maspero et les paysages humains (Lyon, Musée de l'imprimerie, 2009), Des plumes dans la plaie (Paris, Musée du Montparnasse, 2012), et Mai 68 saisi par la photographie, autour des clichés de la collection Lescure (Dijon, MSH, 2018). Il partagera à l'occasion de son intervention ses recherches à propos de l’édition et l’affiche engagée dans les années 1968.
- 10h30-11h00 Emilie Blanc (historienne de l’art) : « Mobilisations graphiques féministes : les affiches de Virtue Hathaway et de Red Pepper Posters (San Francisco, années 1970) »
En 1978, à l’Intersection Gallery de San Francisco, Don’t Call Me Sweetheart, A Poster Exhibition of Women’s Images and Issues réunit plus de cinquante affiches ayant trait à la participation des femmes aux luttes internationales féministes. Cette exposition souligne la pertinence de l’affiche en tant qu’expression artistique et politique au sein des mouvements de libération, à l’instar des mobilisations féministes. En effet, les qualités formelles de l’affiche, ses possibilités de reproduction en grand nombre, rapide et peu coûteuse, en font un outil de politique graphique permettant de diffuser des discours contre-hégémoniques. Les activistes et artistes, comme Virtue Hathaway et le collectif Red Pepper Posters, se saisissent des affiches pour véhiculer des idées vers une société transformée, abordant un large éventail de sujets, dont les violences contre les femmes, les expulsions et les répressions politiques. En relation avec le contexte culturel, social et politique, nous discuterons d’un corpus d’affiches réalisées à San Francisco dans les années 1970 : de quelles manières Virtue Hathaway et Red Pepper Posters ont visuellement lutté contre les oppressions ?
Émilie Blanc est historienne de l’art. Son travail analyse principalement les relations entre art et politique. À la suite de sa thèse en histoire de l'art contemporain soutenue à l’université Rennes 2, elle a été lauréate de la bourse 2018-2019 de la Terra Foundation for American Art à l’Institut national d’histoire de l’art, ce qui lui a permis d'initier un projet de recherche sur les affiches contestataires en Californie du Nord durant les années 1960 et 1970. Son objectif est d'analyser ces affiches comme étant ni seulement des artéfacts esthétiques ou des supports visuels pour les mouvements sociaux, mais comme des pratiques conceptuelles engagées à la liaison entre l’expression artistique et politique mobilisant l’imaginaire et s’inscrivant dans des circulations transnationales.
Pause
- 11h15-11h45 Zeina Maasri (graphiste et historienne de l’art et du graphisme, University of Bristol) – Visioconférence
Zeina Maasri, examine dans ses recherches les intersections entre la culture visuelle et les conflits politiques notamment dans l’histoire du Liban (Off the Wall : Political Posters of the Lebanese Civil War, IB Tauris 2009 ; Cosmopolitan Radicalism : The Visual Politics of Beirut's Global Sixties, Cambridge University Press 2020). Elle est l’organisatrice de l’exposition itinérante, Signs of Conflict, et a rassemblé les différents résultats de ce projet dans une ressource archivistique en ligne bilingue (arabe et anglais). Son nouveau projet financé par l'AHRC, "Decolonising the Page : The Visual Politics and Poetics of Postcolonial Arabic Publications", étudie le rôle politique important mais peu étudié de la conception graphique et de la culture visuelle au cours des processus de décolonisation et des luttes de libération anti-impérialistes des années 1950 aux années 1980. Zeina Maasri évoquera l’ensemble de ces recherches.
- 11h45-12h15 Rocé (Rappeur, producteur, Label Hors Cadres, Par les damné.e.s de la terre, Ce que les pochettes nous disent)
Youcef Kaminsky, alias Rocé, a effectué un travail de recherche titanesque pour la création d’une compilation documentée et très raisonnée sur les musiques de luttes du monde francophone intitulé Par les damné·e·s de la terre, travail remarquable paru en 2018 sur son propre label, Hors cadres. Il est également l’auteur en 2022 d’une exposition intitulée Ce que les pochettes nous disent, qui a pris place au cœur de Verdragon à Bagnolet, la première maison de l’écologie populaire à l’initiative des collectifs Alternatiba et Front des mères. A mi-chemin entre un lieu pédagogique pour les plus jeunes et de recherche pour les plus avertis, cet espace culturel inédit rassemble une collection de pochettes de disques datant des années 1970 qui racontent les luttes ouvrières, paysannes, féministes et anti-impérialistes (Haiti, Algérie, Guadeloupe, Afrique du Sud, Vietnam, Guinée…). Grand parolier politisé, érudit mais jamais donneur de leçons, fils du résistant Adolfo Kaminsky, Rocé s’exprimera sur la genèse de ces deux projets de recherche et de création.
- 12h30 Conclusion
Réservation conseillée - 22 mars Réservation conseillée - 23 mars Suivre l'événement en ligne - 22 mars Suivre l'événement en ligne - 23 mars
Quand
L'évènement est terminé
22 Mar - 23 Mar 2024