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Bibliothèque Kandinsky

Art et anarchisme

Projet porté par le MNAM-Centre Pompidou avec le soutien de l’EUR ArTeC. (2022-2024)  

Le projet « Art et anarchisme » soutenu par l’EUR ArTeC s’intéresse aux relations qui lient l’art et l’anarchisme au XXe siècle. Alors que les principaux théoriciens de l’anarchisme s’étaient interrogés sur les fonctions sociales et émancipatrices de la création artistique et le rôle des artistes dans la société, le discours et la théorie libertaire demeurent souvent les grands absents des grands récits de l’histoire de l’art.  

Porté par Angela Lampe (conservatrice au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou), Catherine Perret (professeure des Universités à Paris 8-EPHA) et Paul Sztulman (enseignant d’histoire et théorie critique, ENSADs), ce projet se propose de revenir sur une histoire diffuse des relations entre l’art moderne et la pensée libertaire au XXe siècle, tout en ouvrant l’étude à ses prolongements multiples au sein des pratiques artistiques contemporaines.  

De par la relecture des collections du Mnam et l’étude approfondie de la généalogie d’œuvres, de pratiques, mais également par l’analyse biographique des artistes, il s’agira de revenir sur le moment de la dissémination transnationale de l’anarchisme, de saisir les trajectoires historiques et esthétiques d’une pensée créatrice complexe, de mesurer ses rapports à la société et aux mondes de l’art afin d’en relire les enjeux artistiques, politiques et philosophiques. 

Le comité scientifique construit autour de ce projet sera amené à repenser l’histoire de l’art du XXe siècle sous le prisme de la pensée libertaire et participera à la mise en place d’un séminaire de recherche pour la rentrée universitaire de 2022 jusqu’en 2024 qui aura lieu à la BK. Les recherches menées tout du long de ce projet seront reconstituées en public à l’occasion d’une table ronde et permettant de donner forme à une cartographie de la pensée libertaire et de ses pendants artistiques en 2024.

 

Résumé du projet :

Alors que la pensée anarchiste traverse l’art moderne tout au long de son histoire (y compris contemporaine) et, ce, sur les différents points du globe où les deux ont été mis à l’épreuve, l’apport théorique et militant du mouvement libertaire demeure très insuffisamment mis à jour. Le jeu d’influences réciproques entre les deux demeure encore à excaver. Étant donné l’ampleur du sujet, défiant toute prétention d’en couvrir la totalité, nous avons décidé de le circonscrire de deux manières, méthodologique et spéculative.

1. Méthodologique, en favorisant l’exploration de quelques scènes singulières (chacune délimitée d’un point de vue historico-géographique) plutôt que de viser un repérage exhaustif de tous les protagonistes comme de tous les moments de rencontres entre les pratiques artistiques depuis le milieu du XIXe siècle et les courants anarchistes. Procéder ainsi est d’une part à la taille de notre séminaire, et d’autre part devrait nous permettre, du moins telle est notre tentative, de dresser une cartographie, certes lacunaire, mais suffisamment significative pour être possiblement représentative de la complexité de cette histoire (tant dans ses différentes inflexions théoriques que dans la variété des médiums et des pratiques dans lesquels elle s’est incarnée).

2. Afin d’éviter l’écueil d’une thématique, nous avons également circonscrit spéculativement ce séminaire afin de construire une problématique sur laquelle nous invitons les intervenantes et intervenants à se pencher. Cette problématique peut être formuler ainsi : « Y a-t-il eu, et si oui de quelle manière, de la part des artistes et des collectifs se réclamant de l’anarchie, des tentatives de traduire leurs positionnements politiques dans leurs pratiques, leurs formes et leurs postures ? ».  Sous ce titre « art et anarchisme » nous reposons la question de l’articulation complexe entre politique et esthétique, dont les réponses sont souvent spécifiques et jamais tout à fait assurées. Il ne saurait y avoir une seule réponse à cette question. De même qu’il existe de nombreux anarchismes (loin d’être intégralement compatibles entre eux), l’histoire de l’art moderne et contemporain est celle d’une myriade de styles et de pratiques hétéroclites se confrontant les unes aux autres. De fait, la pensée anarchiste ressurgit dans des scènes, des médiums et des formes diverses. Ce qui tend à laisser penser qu’il existe une affinité profonde entre anarchisme et art moderne (l’absence de fondement, de commandement, de dogme ; la destruction des systèmes hiérarchiques ; la volonté de transformer les formes de vie comme celles de l’organisation sociale ; le désir de projeter l’art dans le non-art et le pouvoir dans le non-pouvoir, etc.). S’il on dispose déjà, de par le travail de nombreux universitaires, d’un bon repérage des mouvements et artistes ayant fait part de leur inclination anarchiste, la question de la traduction plastique qu’ils en ont donné n’a pas encore faire l’objet de l’exploration qu’elle mérite. Et cette question est d’autant plus épineuse que les différentes scènes comme les différents protagonistes nous confrontent à un panorama divers et contradictoire de manifestations esthétiques.

 

Équipe scientifique : 

Sous la responsabilité d’Angela Lampe (conservatrice au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou), Catherine Perret (professeure des Universités en théorie et histoire des arts modernes et contemporains Paris 8-EPHA) et Paul Sztulman (enseignant d’histoire et théorie critique, École nationale supérieure des arts décoratifs) 

Membres du comité de pilotage : Thomas Bertail (coordinateur des activités de recherche, bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou), Nicolas Liucci-Goutnikov (conservateur et chef de service de la bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou),  Jonathan Pouthier (attaché de conservation, Musée national d'art moderne, Centre Pompidou).

 

Ressources en ligne :

Année 2022-2023

Année 2023-2024

 

Séminaire de recherche à la Bibliothèque Kandinsky-Centre Pompidou :

2022-2023

27 octobre 2022 - Séance #1 - Introduction des objectifs du séminaire, cartographie et aperçu des liens entre l'art et l'anarchie aux 19e et 20e siècles - Allan Antliff

15 décembre 2022 - Séance #2 - L'art et l’anarchisme en France au tournant du 20e siècle - Gaetano Manfredonia et Patricia Leighten

23 février 2023 - Séance #3 - Russie - Nina Gurianova

27 avril 2023 - Séance #4 - Mexique - Rosalía Romero et Juan Pablo Macias

15 juin 2023 - Séance #5 - Espagne - Rosario Peiró Carrasco

 

2023-2024

23 novembre 2023 - Séance #6 - Esthétique de la révolte, action directe et pratiques artistiques guérilléristes au Japon - Alexandre Taalba

25 janvier 2024 - Séance #7 - Chaosmos, l’anarchisme analogique d’Asger Jorn - Maria Stavrinaki

28 mars 2024 - Séance #8 - I wanna be Anarchy. And I wanna be Anarchy. Oh what a name! - Tancrède Ramonet et Nicolas Ballet

20 juin 2024 - Séance #9- Judson Dance Group et Grand Union : Entre déhiérarchisation et consensus : un anarchisme improvisé ? - Julie Pellegrin

Image
Crédits de l'image : John Cage, 30 Drawings by Thoreau, 1974, Sérigraphie de 32 couleurs sur papier Japonais, 75,9 x 51 cm, MNAM-Centre Pompidou. Inv. : AM 1980-51 (1)   Crédit photographique : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP © The John Cage Trust