[UNIVERSITE D'ETE] Célébrer-réinventer l'université d'été de la BK

Dix années de rencontres inattendues et fertiles, dix années à faire dialoguer artistes, chercheur·euse·s, commissaires, critiques, historien·ne·s de l’art, graphistes, autour d’une expérimentation méthodologique, muséographique et pédagogique atypique. Adossée à la programmation du Musée national d’art moderne, en résonance aux projets de recherche qui s’y élaboraient, aux savoirs appliqués aux collections ou aux envies prospectives pour imaginer de nouveaux champs de recherche, l’Université d’été de la Bibliothèque Kandinsky s’est donnée comme mantra et comme joyeuse discipline l’impératif des sources au travail.

À l’occasion de son dixième anniversaire différé :), l’Université d’été de la Bibliothèque Kandinsky vous invite à une journée exceptionnelle de retrouvailles, de réflexions et de projections. Pour dépasser la tonalité du bilan, voire l’autocongratulation nostalgique, à l’heure des travaux du Centre Pompidou et de la nécessaire réinvention d’une méthode, à l’heure du déplacement de la Bibliothèque Kandinsky et de la perspective d’une programmation plus mobile, nous souhaitons que le début juillet 2025 soit un moment - incubation autour de ce dispositif de transmission et de son devenir. En bref, un laboratoire festif, un espace de pensée vivante et de créativité distribuée. Le numéro 10 du Journal de l'Université d'été de la BK, mis en oeuvre graphique par Olivier Lebrun sera présenté pour cette occasion.

Nous serions heureux et heureuses de vous convier autour d’un dialogue mené dans l’esprit des ateliers de l’UEBK, pour travailler à nouveaux frais, "along the archival grain", comme le disait si bien Ann Stoler, l’actualité des archives et des sources pour la recherche. « Actualité d’un bilan », en quelque sorte – à bon entendeur ! - et invention des mémoires du futur à l’aune des transformations structurelles, épistémiques, subjectives qui traversent aujourd’hui notre rapport aux traces documentaires et suscitent autant de questions, de stimulants développements, voire de légitimes paniques. Nous évoquerons la construction de nouveaux corpus et des changements de focale, par la revalorisation des archives longtemps minorées ; nous parlerons du tournant numérique crucial et des mutations intellectuelles qu’il provoque ; nous parlerons de l’écologie des archives et du pouvoir des sources. Recherche au cœur du musée et sur le corps ouvert des collections, nous parlerons enfin de ce que les sources font aux œuvres et des multiples récits qui en découlent. Plus que jamais, il sera question de l’éthique au travail et d’éthique collaborative, de responsabilité scientifique et des enjeux de propriété intellectuelle, confrontés à la vérité (aux vérités ?) des traces de l’histoire.

En interrogeant les expériences passées de pédagogies critiques et radicales — de la Modern School de Francisco Ferrer aux expérimentations cartographiées par Radical Pedagogies (MIT Press) — nous cherchons à construire les bases d’une UEBK mobile, hors les murs, nomade, traversant territoires et pratiques. Un musée temporaire de la pédagogie en actes, où les archives se manipulent, s’interprètent, se vivent, se connectent.

À partir des pratiques de l’archive et de l’étude des sources, nous souhaitons interroger ce qui, dans la recherche, relève de la construction narrative, de l’engagement subjectif, et de l’élaboration collective du savoir. Comment les sources transforment-elles nos récits ? Comment concevoir la recherche au musée non comme un simple exercice de restitution, ou de banale « mise en contexte », mais comme un espace de création partagée et de pensée critique, traversé par l’imaginaire, le politique et l’émotion ?

Nous appelons toutes celles et ceux qui ont pris part à l’UEBK – ainsi que celles et ceux qui rêvent de s’y plonger – à venir imaginer avec nous l’avenir de cette aventure.